Turbo IPTC International Puppy 2016

•    Salut, peux-tu te présenter aux lecteurs du site Gaydogtraining ?

Salut à tous !

Je suis Turbo, IPTC International Puppy 2016 * ! Je suis un chien universitaire et je prépare un doctorat en urbanisme à Portland, dans l’Oregon, aux USA. J’ai commencé le puppy play en 2013, et je m’identifie à un lévrier… et peut-être aussi à un Decepticon qui se
transformera (je l’espère) bientôt en professeur d’université.

•    Comment es-tu devenu un Puppy et pourquoi ?

J’ai entendu parler de puppy play pour la première fois grâce à celui qui était mon meilleur ami à l’époque. Il allait chez quelqu’un avec qui je savais qu’ils avaient un petit truc en commun, et j’étais loin d’imaginer de quoi il s’agissait. Finalement, il m’expliqua qu’une fois
là-bas, il se déshabillait, mettait son plug-tail, et jouait au chien. Je me suis dit, “wow, c’est étrange”, je ne savais pas trop quoi en penser.
En tant qu’universitaire, j’ai commencé à faire des recherches là-dessus. Après quelques semaines, je me suis dit “hey, ça a l’air fun en fait ! On dirait que c’e st fait pour moi”, donc j’ai voulu essayer par moi-même. C’était intriguant, donc je me suis acheté des genouillères et des gants début 2013… pas trop cher parce que je n’étais pas vraiment sûr.
J’habitais au nord de la Floride à l’époque et je ne parvenais pas à trouver d’autres pups, mais un entraîneur ** est venu quelques week-ends pour me montrer ce qu’être pup signifiait. Finalement, il m’a trouvé assez naturel. J’étais conquis.
La partie la plus intéressante du puppy play pour moi était que grâce à ça, je parvenais à vivre l’instant présent, à ne pas m’inquiéter du passé ou du futur. Etant donné que j’avais des troubles de stress post-traumatique et que j’étais dépressif et anxieux, j’avais du mal à vivre l’instant présent. Mon espace mental de puppy m’a permis d’apprécier ce qui se passe autour de moi dans l’instant, et comment laisser mes inquiétudes et mes peurs de côté.
Mes recherches m’ont montrées que la communauté puppy sur internet était très ouverte et accueillante, mais je n’avais aucune expérience le jour où je suis allé à mon premier événement : l’International Puppy Contest à St. Louis (Missouri). C’était tellement
chaleureux et encourageant. J’ai alors compris que j’avais trouvé les gens qu’il me fallait.

•    D’où vient ton nom et qui te l’a donné ?

Après avoir passé plusieurs mois en tant que puppy sans nom, j’ai réalisé que je n’allais pas être adopté tout de suite, donc j’ai eu besoin d’un nom. J’aime la vitesse. Je suis un fan de voiture et ancien pilote de street racer, et j’étais connu pour ma BMW et le monstre de turbo que j’avais installé dessus. Je me suis même fait tatouer ce turbo sur l’épaule.

Je suis aussi un grand fan de Transformers, et trouver un nom en relation avec cet univers semblait approprié. J’avais écrit quelques noms et pris quelques jours pour les dire à haute voix en s’imaginant appeler un chien avec, et Turbo en est ressorti. A cette époque, je pensais encore que quelqu’un m’adopterait et souhaiterait changer mon nom, mais ça n’est pas arrivé.

Turbo est mon nom.

•    Comment vis tu ta vie de dog au quotidien ?

Je suis doctorant en urbanisme et je m’intéresse à la manière dont les gens de la communauté puppy utilisent l’espace dans le développement et l’entretien de leur identité, avec en sous-titre “les puppies dans la ville”.
Tous mes amis m’appellent “Turbo”, ainsi que la plupart de mes professeurs. Je parle de la manière d’être puppy aussi spontanément que quelqu’un parlerait de football, ou de sa famille, parce que la famille, c’est un peu ce qu’est devenu la communauté pour moi. Ça ne veut pas dire que je suis dans l’état d’esprit d’un puppy 24h/24 et 7j/7, mais je suis quand même toujours Turbo. Je porte un collier tout le temps, même si je n’ai pas de propriétaire ou de handler. Il est là pour me rappeler mon côté puppy, où que je sois.

Quand je ne suis pas à quatre pattes, voyageant pour porter mon titre, ou attaché à un lit, je lis et j’écris pour mon mémoire, je travaille sur ma vieille BMW et sur ma moto Ducati, ou encore je regarde des films de science-fiction comme Star Trek. J’espère commencer à enseigner à l’issue de mes examens.

•    As-tu un maître si oui peux-tu nous le présenter ?

Je n’ai pas de maître, de propriétaire ou de handler. Je suis l’alpha de Skrif, un merveilleux pup beta. Il est aussi étudiant à l’université et viendra bientôt vivre avec moi. Au début j’étais réticent à l’idée de prendre le rôle de l’alpha.

Je me considérais comme un chien beta. Après avoir rencontré Skriff, j’ai très naturellement incarné le rôle de l’Alpha avec lui. Cette relation a évolué d’alpha à petit ami, et maintenant daddy. C’est vraiment étrange à entendre, daddy Turbo, mais je commence à m’y faire.

Avant je voulais rejoindre une meute, mais maintenant, j’arrive à m’imaginer former une meute dont je serais l’Alpha… mais on verra.

•    Quel sentiment ça fait d’avoir obtenu le titre d’International Puppy ?

Tous les sentiments ! Quand je suis devenu NorthWest Puppy , je me suis posé des questions. Pourquoi est-ce que j’ai tant voulu concourir ? Quel en était le but ? Pour moi, je cherchais un endroit où vivre. Ça aurait pu prendre la forme d’une religion, de relations débridées, d’un groupe de punk hardcore, d’un club de voiture, ou de multiples carrières professionnelles.

Devenir puppy, c’est comme avoir l’impression d’être au bon endroit.
Devenir International Puppy m’a montré que c’était pas seulement une projection de ce sentiment des autres sur moi, mais qu’au fond je pensais vraiment que j’étais un “bon chien”. Ça veut dire beaucoup pour moi.

•    Comment s’est passé l’élection pour toi ?

C’était vraiment une expérience incroyable de gagner ce titre à Dallas, au Texas, et très différent des autres concours auxquels j’ai assisté et participé, ou même des “élections” (comme vous les appelez en Europe). Il y avait les introductions, les discours, et les
interviews bien sûr, mais au lieu d’une représentation comme dans d’autres concours, celui-ci était plutôt comme un concours de beauté pour chien de luxe.

Les participants avaient un maître pour les présenter et les faire parader, afin qu’ils montrent ce qu’ils savent faire. Au début, j’avais un peu d’appréhension avec cet aspect. Je suis un chien plutôt fort,déterminé et indépendant. Mais ce format était finalement plutôt libérateur. Maître Pounder concourait pour le titre d’Entraîneur ** avec moi, et nous pouvions intégrer son style très rigoureux avec mon tempérament énergique. Finalement, j’étais vraiment capable d’incarner le chien tel que je me l’imaginais, bien plus que de jouer la comédie. C’était incroyable d’assurer la représentation face aux gens, tout en restant dans son espace mental de chien.

•    Aurais-tu des conseils pour les personnes qui souhaiteraient devenir Puppy ?

Foncez, explorez, et trouvez votre niche. Il y a une place pour presque tout le monde. Je dis “presque” parce qu’il y a toujours quelques déjantés qui voient le pup play comme une opportunité d’abuser de quelqu’un. Il faut garder un oeil sur ces imbéciles.
Je vois aussi de nombreux pups qui viennent en pensant qu’ils doivent à tout prix trouver un maître pour être un vrai pup. Je croyais ça moi-même au début. Je n’ai toujours pas été adopté, par qui que ce soit. Vous n’avez pas besoin d’un maître pour être un pup.
De la même manière, vous n’avez pas besoin d’un pup pour être un handler. Vous pouvez évoluer et pratiquer sur les événements, donner un coup de main quand les pups se regroupent, apporter des récompenses ! Il y a toujours un moyen d’évoluer sans passer un
collier autour du cou de quelqu’un.
Comme pup ou comme handler, certaines choses fonctionneront pour vous, et d’autres pas.Il n’y pas de règle pour être un pup. Je m’identifie plus comme lévrier… et plus comme un chien qu’un chiot, mais ça me va. Je me voyais comme un beta et soumis, mais maintenant, je suis un alpha et daddy. En tant qu’universitaire (et comme ça constitue une partie de mes recherches), je sais que nos
identités sont fluides et changent constamment. Profitez-en. Offrez vous la liberté et la flexibilité d’essayer des choses nouvelles. Le plus important, c’est de S’AMUSER.

Ça n’a rien à voir avec le fait de posséder du super matériel, ou de voyager vers les plus grands événements. Tout ça coûte cher, et se préoccuper sans cesse de son argent, c’est vraiment déprimant !

•    Quelles sont tes projets en tant qu’International Puppy 2016 ?

Tout d’abord, je dois dire que les Darklands et l’élection de Mr. Puppy Europe à Anvers étaient dingues ! J’ai vraiment ouvert les yeux sur ce qu’il était possible de faire pour un événement puppy et kinky.

Le temps m’est compté en tant qu’International Puppy, et mes moyens sont limités, mais je veux voyager un maximum pour voir comment d’autres pratiquent, et en savoir plus sur les possibilités du puppy play. Cette année de titre se finira, mais je resterai IPTC International Puppy 2016, et je prévois de mettre mes années de recherche universitaires à contribution pour aider le puppy play à évoluer de manière positive.

Actuellement, je prévois d’aller à la Rubbout à Vancouver et la LeAther Heat à Los Angeles en avril, l’ IML/IMBB à Chicago en mai, et bien sûr le weekend International Puppy et Handler à St. Louis , dans le Missouri en juillet. En août, j’irai dans les bois pour le Camp K9 organisé par les Pups et Handlers de Seattle . Si j’en trouve les moyens, j’adorerais aller au Royaume-Uni, plus en Europe, en Autralie, et mon beta voudrait vraiment que nous allions en Islande !

•    As-tu un dernier mot pour les lecteurs de Gaydogtraining ?

“One Love, One Pack and tip your bootblack !”
Un seul Amour, Une seule Meute… et donnez un pourboire à ceux qui prennent soin de vos bottes !
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Notes de traduction :
*. L’IPTC est l’International Puppy and Trainer Contest. Littéralement : le Concours International de l’Entraîneur** et du Puppy.
**. entraîneur : Ce mot résulte de la traduction de “trainer” en anglais. Il n’existe pas vraiment de traduction précise.

On distingue généralement :
– celui qui entraîne le pup (trainer);
– son propriétaire (owner);
– celui qui en a la responsabilité, avec ou sans rapport de domination, et avec ou sans rapport de propriété (handler);
– de manière plus générique, son maître (master / sir). L’usage de ce terme étant laissé à l’appréciation de chacun en français.
De nombreux pups ne se reconnaissent pas forcément dans le rôle de l’esclave qu’on retrouve habituellement dans le milieu BDSM, et cette différenciation sémantique est parfois importante pour eux. L’usage des termes anglais est donc courante, également dans beaucoup d’autres langues étrangères.

Interview par Agron Retsam

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